… Je criai alors en maudissant les milices, l’armée, les religions, les guerres, les Forces libanaises, le Hezbollah, Amal, les Kataëb. Je maudis la cigarette et le hachich, la Békaa, le Liban, la Syrie, la Palestine, Israël, Dieu et tous ses prophètes. Et je lançai des coups de pied dans le bas de l’armoire, qui déclenchèrent un bref bruit sourd, comme une chute de paquet. Je regardai à l’intérieur, rien. Je serrai et j’embrassai ton béret, tout en recherchant ta senteur. Ne serait-ce qu’une goutte séchée de sueur, un moindre poil, un brin de cil, un fil, un rien de toi… puis tout en riant, je me surpris à sangloter aussi ! Car ici, malgré ta présence qui s’obstinait à me défier, il ne restait que moi… Il ne restait que ce nid que tu as déserté. Ces pailles mortes. Ces draps si propres. Ces étoffes dévouées. Ces stupides boîtes de souliers… Il restait mes jasmins fanés, moi, notre amour foutu, et ton immesurable fierté de combattant déchu… immigré.
En rangeant le tout, je me rends compte d’une craquelure dans la base de l’armoire. Je la caresse lentement lorsqu’une crevasse plus large apparut,… (Les arcades de jasmin, 2020)
